dimanche 28 février 2010

À recycler

Les fausses pages de Re- recyclent en faux textes les pages de ce blog. Semaine après semaine. En les compactant (j'ai précédemment parlé d'"avion" pour expliciter la méthode employée mais certains de mes camarades de l'Oulipo m'ont fait la remarque que le terme est peut-être quelque peu abusif pour ce qui est, plus basiquement, du prélèvement).
Quand je dis "semaine après semaine", cela signifie que pour fabriquer le faux texte d'une semaine donnée, j'utilise les messages publiés ici-même entre un lundi et un dimanche.
Le découpage est arbitraire, certes, mais le procédé est limpide. En théorie.
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Prenons cette semaine-ci, par exemple : semaine 26*. Lundi : rien ; mardi : Hors-cage ; mercredi, jeudi, vendredi, samedi : rien. C'est peu** (quantitativement). Trop peu lorsque je devrai, en temps voulu, fabriquer un faux texte de 2048 signes.
Mais heureusement, nous sommes encore dimanche et j'ai juste assez de temps pour pousser ces quelques lignes. Qui ont donc une double fonction : continuer à montrer, en toute transparence***, le cogito du livre Re- en train de s'écrire et, surtout, fournir au poète un matériau à manipuler pour le faux texte de la semaine 26.
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* Pour mémoire, la "semaine 1" était la première de septembre.
** Je pourrai expliquer pourquoi je n'ai pas eu le temps mais finalement non.
*** Le mot est peut-être un peu excessif, j'avoue.

mardi 23 février 2010

Hors-cage de Michelle Noteboom

Attention ! Ceci est un message promotionnel.
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Je suis très heureux de vous annoncer la parution de Hors-cage, qui est la traduction "maison" de Uncaged, de Michelle Noteboom.
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Les 32 blocs de prose de Hors-cage ont quelque chose de sauvage, de débridé. En un mot, de punk. Il n'y a là rien d'oulipien*. Mais ça n'a pas été pour moi une mince affaire de traduire une poésie qui repose sur les rythmes et les codes culturels de l'américain. En mettant à part l'expérience "à la limite" de traduction anagrammatique des anagramgedichte d'Oskar Pastior (ce qui n'aurait pu se faire sans la complicité de Bénédicte Vilgrain), Hors-cage est mon premier essai dans le domaine. J'espère continuer, tant il me semble que la traduction de poésie est un acte poétique en soi.**
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Le livre paraît aux éditions de l'Attente. Il y aura un soirée au Comptoir des mots. Je vous tiendrai au courant. En attendant, voici la quatrième de couverture :
Nous savons tous que les règles existent pour éviter qu'on s'entre-dévore. si tu cherches les liens logiques, tu te compliques la vie.
Nous entrons maintenant en état d'euphorie : baissez vos vitres et klaxonnez.
Cela demande tant de précision, tant de concentration, tant de technologie de peindre en rouge ses ongles de pied.
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* Même si le poème punk et oulipien a ses lettres de nobesses, grâce à Ian Monk.
** J'ai l'air de découvrir l'eau chaude, là, non ?

dimanche 21 février 2010

La reconstruction d'Okinawa

La reconstruction d'Okinawa est / sera / serait mon "gros" livre. enfin, je crois… Un (non-)essai-roman-livre-de-poésie (sic) sur le concept d'exotisme appliqué à un environnement familier (!?!) Autant vous dire que ce n'est pas demain la veille que je l'écrirai.*
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Mais tout de même, je dois ici essayer d'expliquer le pourquoi de ce titre.
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En premier lieu, j'imagine qu'il faut y voir l'influence inconsciente de deux opus majeurs de ma bibliothèque : 'le grand incendie de londres' de Jacques Roubaud et La République de Mek-Ouyes de Jacques Jouet.** Le (ou la) x de y est un format (parfois trop) idéal pour un titre. Le nom propre en génitif, c'est vrai, ça a de la gueule.
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La deuxième, c'est qu'à cette époque-là (en 2003), je travaillais comme vendeur de disque dans une boutique Harmonia Mundi (à Toulouse) et j'étais tombé sur une compilation de "musique du monde" consacrée à Okinawa. La musique m'enchantait par sa diversité (traditionnelle, ultra-kitch ou même punk) et il y avait notamment une chanson d'un certain Seijin NOBORIKAWA, chanteur et joueur de sanshin, dont la photo était reproduite dans le livret.*** Voir cet homme en costume de ville, occidental jusqu'à la pince cravate, et jouant dans le même temps du sanshin a été un catalyseur : comment considérerais-je ma ville (Toulouse), comment la décrirais-je si je la voyais avec les yeux de cet homme-là, Seijin NOBORIKAWA ? Ne serait-ce pas comme se promener soi-même dans les rue de Naha**** ? En conséquence de quoi, cette mise à distance de l'environnement familier serait la tentative de reconstruction de quelque chose qui pourrait être Okinawa.
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La complexité de la question et une tendance coupable à la procrastination ont jusqu'à présent eu raison de mes velléités mais je ne parviens pas à renoncer totalement à l'idée de faire un jour ce livre. Même cet autre livre que je suis en train d'écrire a peut-être été, pourquoi pas ?, péché son titre en forme de préfixe dans les eaux de ce projet-là : La Re-construction d'Okinawa.
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* Je note au passage que c'est en entamant une réflexion sur ce livre potentiel que j'ai "mis au point" la forme des 99 notes préparatoires dont vous pouvez trouver un exemple au tout début de ce blog. Le premier texte dans cette forme, 99 notes préparatoires à la reconstruction d'Okinawa, a été publié dans le livre collectif Potje vleesch (Frédéric Forte, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier & Ian Monk, La Nuit Myrtide, 2007)
** Deux "gros" livres là aussi. Le premier pas encore publié dans son intégralité, le second potentiellement inachevable.
*** C'est, bien sûr, celle qui illustre ce message.
**** Qui est la ville la plus importante d'Okinawa.

vendredi 19 février 2010

Deux maîtres encore (mais pas les mêmes)

Ce n'est pas quelque chose qui arrive toutes les semaines : voir paraître deux nouveaux livres d'auteurs qu'on admire plus que tout. Cela m'arrive cette semaine.
Grèges publie Lectures avec tinnitus d'Oskar Pastior et Cent pages La folie de l'or de Gilbert Sorrentino*. J'en suis tellement heureux que je me mets à en parler leur lecture à peine entamée.**
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Lectures avec tinnitus , traduit de l'allemand pastiorien par sept courageux traducteurs, est une anthologie parcourant chronologiquement l'œuvre du poète.
La folie de l'or (titre original : Gold fools), roman de 250 pages constitué uniquement de phrases interrogatives, est traduit de l'anglais américain par le grand Bernard Hoepffner.
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Les premières pages de l'un me font découvrir un Pastior "jeune poète des années 50" que je ne connaissais pas mais dans les poèmes duquel pointent déjà ces incroyables dérèglements de la langue, cette "friture" radiophonique, comme l'écrit justement Jacques Lajarrige dans sa postface, que l'on retrouvera, amplifiée encore, dans les poèmes des années suivantes (eux aussi apparemment bien représentés dans le livre).
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Dès les premières pages de l'autre, je retrouve le bonheur de lecture unique qu'offrent les romans de Sorrentino. Une jubilation formelle combinée à un humanisme sombre, féroce, qui n'épargne rien, même pas la propre plume de l'auteur. La langue résiste et dans un même temps vous fait émettre ces gloussements de plaisir qui font que les autres usagers du métro vous regarde drôlement…
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Plus drôles et plus expérimentaux que ces deux hommes-là, cela n'existe pas.
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Je regarde les deux livres, leurs couvertures, posés devant moi et je pense que ces deux "monstres"-là sont morts la même année, en 2006, à cinq mois d'écart. Et qu'à cinq mois d'écart, la première chose que j'ai faite à chaque fois a été d'écrire à Harry Mathews, qui était l'ami de l'un comme de l'autre. Ce qui fait que par la grâce d'Harry et la triste coïncidence de leurs morts, la pensée de l'un m'évoque très souvent désormais celle de l'autre.
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C'est aussi qu'ils sont à mes yeux, chacun, et de manière très similaire, l'écrivain idéal. Pastior poète idéal. Sorrentino romancier idéal. Idéaux parce qu'extrêmes, sans concession, généreux et aventureux, jusqu'au bout.
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* Cent pages réédite simultanément, du même auteur, Steelwork et Red le démon.
** Pas de "critique" ou de "revue" ici donc.

mercredi 17 février 2010

contrat maint (Goria & Pascal Poyet)

Mercredi 24 février à 20h, j'aurai le grand plaisir de recevoir au Comptoir des mots Françoise Goria et Pascal Poyet, fondateurs d'une maison d'édition pas comme les autres : contrat maint.
Si vous voulez apprendre ce qu'est un cordel et rencontrer un couple d'éditeurs / artistes à la démarche unique et passionnante, n'hésitez pas, venez !
Pascal est poète (Au compère, Le Bleu du ciel, 2005) et traducteur (récemment de David Antin, Je n'ai jamais su quelle heure il était, aux éditions Héros-limite en 2008).
Françoise est plasticienne, photographe et enseigne cette discipline aux Beaux-Arts de Toulouse.
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La veille, mardi 23 à 19h30, Pascal Poyet lira dans le cadre des lectures Ivy Writers au Next (17, rue Tiquetonne, Paris 2e) en compagnie du poète anglais Rufo Quintavalle (si, si, il est anglais).

lundi 15 février 2010

Enchaînement des mètres

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6 / 8 / 10 / 12 / 9 / 7 / 11
7 / 6 / 9 / 8 / 12 / 10 / 11
10 / 7 / 12 / 6 / 8 / 9 / 11
9 / 10 / 8 / 7 / 6 / 12 / 11
12 / 9 / 6 / 10 / 7 / 8 / 11
8 / 12 / 7 / 9 / 10 / 6 / 11
Fx / Fy
Le tableau ci-dessus est celui de l'enchaînement des différents mètres qui sont/seront appliqués aux fatras de Re-.
J'aime bien les tableaux. Ça fait sérieux. Même si ça ne l'est pas toujours. Par exemple, je ne sais pas si on peut réellement appeler ça un tableau…
Quoi qu'il en soit, cela me donne une directive à appliquer pour les 36 fatras et demi qu'il me reste à écrire.*
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Comment ça marche ?
He bien, une bonne manière de faire permuter des éléments quand on est oulipien, c'est d'utiliser les propriétés de la n-ine (ou quenine).** Simplement, ce type de permutations ne fonctionne pas avec tous les nombres.***
Ici, j'ai choisi d'utiliser la sextine (qui est la n-ine parmi les n-ines) qui fonctionne normalement, donc, sur six éléments répétés six fois (=36). J'ai donc pris les six types de mètre que je voulais utiliser : 6, 7, 8, 9, 10, 12 ; je les ai fait permuter selon les règles de la sextine (cf. dans le tableau les six premières positions pour chaque ligne) et, comme j'ai besoin non pas de 36 positions mais de 44, j'ai ajouté à chaque fin de ligne le nombre 11 (qui joue un rôle particulier dans l'élaboration du livre qu'est Re-, si vous m'avez suivi jusque là). Bon.
Mais ça ne fait toujours pas 44, cela fait 42. Restent donc deux positions à combler.
Or, il se trouve que la sextine, forme inventée par Arnaut Daniel vers la fin du XIIe siècle, comprend originellement six strophes de six vers, certes, mais également une tornada* (un envoi final) de trois vers.
Je décide donc de donner à mes deux poèmes finaux cette fonction de tornada. Vous me direz qu'ils ne sont que deux et pas trois. C'est vrai mais 1) je fais ce que je veux et 2) comme les poèmes endécasyllabiques (11) qui sont en quelque sorte des "entre-deux-strophes" de mon "poème" Re- viennent déjà pas mal perturber la structure de la sextine, je me dis qu'une tornada écourtée, d'une certaine manière, est une compensation.*****
Comme la tornada de la sextine vient reprendre les 6 mots-rimes dont use le poème, ces deux fatras seront ici hétérométriques et reprendront les différents mètres vus précédemment.
Comme un fatras comporte 13 vers, ces deux derniers auront deux vers de 6 syllabes, deux de 7, deux de 8, deux de 9, deux de 10, deux de 12 et, pour faire bonne mesure, un endécasyllabe.
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N'est-ce pas limpide !?! N'est-ce pas merveilleux ?!?!
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En réalité, je sais que cela n'intéresse que moi (et quelques tordus dans mon genre). L'essentiel, n'est-ce pas, étant que j'en tire quelque chose. Le lecteur, lui, n'est pas obligé de savoir tout ça pour lire les fatras et, éventuellement, les apprécier. Mais comme j'ai promis d'expliquer sur ce blog toutes les étapes de construction de mon livre, vous avez eu droit à une visite gratuite de ma cuisine interne.
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* Oui, le huitième est en cours au moment où j'écris.
** Je vous laisse cliquer sur n-ine pour savoir ce que c'est.
*** Je simplifie à mort.
**** Prononcer "tornado" en appuyant quasiment pas sur le o final.
***** Je me dis ce qui m'arrange, vous aurez remarqué.

dimanche 14 février 2010

Temps / Hors-sujet

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Ça passe vite, vous ne trouvez pas ?* -
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* Je voulais faire plus long mais je crois que l'essentiel y est.

vendredi 12 février 2010

A. Boyer, photographe

Il y avait cette vieille photo de famille chez mon ami Mathieu Blanc. Et elle était signée A. Boyer, photographe. J'ai vu là un titre potentiel. De quoi ? Je ne sais pas. Et je crois que je n'ai jamais cherché à le savoir.
En creusant, je pourrais dire que le calembour (A. Boyer > 'aboyer', voire 'aboyez', ha ha !) y est sans doute pour quelque chose, évidemment. Mais c'est surtout parce qu'il est accolé* à la qualité "photographe".
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Avec le recul, plutôt qu'un titre, cela pourrait faire un bon pseudonyme, et inhabituel : nom photographe ; prénom A. Boyer,.* Je pense à un ami écrivain qui vient tout récemment de publier un très bon recueil de nouvelles érotiques sous le pseudonyme de Profane Lulu.***
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Mais quel type de livres pourrait bien écrire cet A. Boyer, photographe ? De la poésie encore, sans doute. Mais qui serait résolument tournée vers le monde extérieur, alors que Frédéric Forte a une fâcheuse tendance, je trouve, à écrire des poèmes qui (au choix) ne parlent que de lui, ne parlent que d'eux-même, ne parlent de rien !**** Je suis peut-être un petit peu dur avec moi, là. Mais bon, je ne vais tout de même pas m'envoyer des fleurs .
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Si un jour, donc, vous tombez sur un livre signé A. Boyer, photographe, vous saurez à quoi vous en tenir.
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* En marquant bien les deux c, comme dans Coca-Cola.
** En n'omettant pas la virgule !
*** Le livre a pour titre Manières douces et est publié aux éditions dialogues. Mais, aïe, je pense que je n'aurais jamais dû écrire "nouvelles érotiques" sur ce blog, ça va fausser mes statistiques…
**** Si ce n'est pas de l'auto-critique ça !… à ne reproduire qu'avec modération, svp.

jeudi 11 février 2010

Coupe / coupe

J'aime l'idée – je la trouve résolument moderne – d'utiliser les formes fixes du passé pour composer une poésie qui soit contemporaine. Ma langue n'est pas celle de Cément Marot, pas celle de Baudelaire et ce n'est pas en pratiquant telle forme moyenâgeuse ou en composant un sonnet que je cours le risque de leur ressembler.*
J'ai donc commencé à composer, depuis un peu plus d'un mois maintenant, des fatras que j'ai voulu "dans les règles" : respect de la formule métrique et vers isométriques.
Mais tout en étant satisfait de cette voie, j'ai ressenti à la lecture** une légère gêne. J'ai senti poindre une sorte de ronron dans les vers, que j'avais envie de casser. Et, dans en même temps, j'étais plutôt satisfait des lignes composées… Que faire ?***
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Ce ronron dont je parle, évidemment, provenait du double marquage rythmique superposé (???) de la rime et des fin de vers. Je vous sens dubitatif. Vous allez me dire qu'il n'y a rien de plus normal, qu'une rime tombe toujours à la fin d'un vers. Oui, c'est vrai, bien sûr, vous avez raison. Et c'est une étrange réaction pour un poète qui se veut formaliste d'en être "incommodé".
Mais – comme dire ? – dans le cas du fatras (comme pour d'autres formes poétiques), avec sa marche sur deux rimes croisées (AB Ababab Babab), j'ai ressenti comme une envie de polyrythmie. Je voulais que les vers composés de manière "orthodoxe" soient là et qu'en même temps on puisse entendre chose.
Alors j'ai décidé de découper les vers autrement, tout en restant sur un poème de 13 lignes.
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Ici je crois qu'un exemple s'impose.
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Prenons le fatras de la semaine 5. Le voici dans sa version première :
Mouvement la machine en son centre
qui flèche des objets dans le temps
Mouvement la machine en son centre
impossible immobile pourtant
posté sur, caché sous, un re- ventre
rien ne peut expliquer ce qui tend
la corde la défibre et dans l'entre-
deux le jour comme doute constant
-
D'eux le jour comme double constant
sorte d'arc à rejouer la montre
au-dessus des étés des étants
au-dessous tout le sens à l'encontre
qui flèche des objets dans le temps
Et voici le fatras alternatif que je compte finalement adopté :
Mouvement la machine en son centre
qui flèche des objets dans le temps
Mouvement la machine en son
centre / impossible immobile pourtant
posté sur, caché sous, un re- ventre / rien
ne peut expliquer ce qui tend / la corde
la défibre et dans l'entre-
deux le jour comme doute constant
-
D'eux
le jour comme double constant /sorte d'arc à
rejouer la montre / au-dessus des étés des étants / au-dessous
tout le sens à l'encontre / qui flèche
des objets dans le temps
Dans la deuxième proposition, à la forme originelle, qu'on peut toujours entendre grâce aux rimes et à la mesure implicite, se superpose un deuxième type de vers, "libre" si on veut, qui vient, légèrement, modifier la lecture rythmique du poème. Qui crée en tout cas un éclairage autre : c'est le même paysage, le même parcours d'un point a vers un point b, mais des bifurcations sont proposées, des chemins de traverses qui amènent le lecteur à faire un pas de côté par rapport à la route tracée.
Enfin… je crois. C'est comme ça que je le vois. Et, jusqu'à preuve du contraire, les différents résultats me conviennent plutôt bien.
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Bon, je cause, je cause et je m'aperçois que je n'ai toujours pas dit comment je réglais l'alternance des mètres d'un poème à l'autre. Ce sera pour une autre fois.
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* Qu'on s'entende bien : Marot ou Baudelaire, comme tous les grands poètes du passé, sont à mes yeux des "modernes". Leur ressembler dans leurs modernités, ça oui je veux bien !
** Je relis beaucoup, pour moi-même, à haute voix, les poèmes sur lesquels je travaille.
*** Non, non, aucun rapport…
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p.s. : ça n'a aucun rapport mais j'ai découvert sur le site des éditions Cynthia 3000, un article critique de Grégory Haleux qui analyse brillamment, et posément la polémique dont il était question.

mardi 9 février 2010

Vive F. van Dixhoorn !

Avant de vous parler demain de Re-, sur l'écriture duquel j'ai pas mal progressé (au plan conceptuel tout du moins), j'aimerais aujourd'hui vous faire partager mon enthousiasme pour un livre de poésie et un poète que je trouve tout simplement exceptionnels.
Le livre s'intitule séries et a été publié fin 2009 au Bleu du ciel. Le poète a pour nom F. van Dixhoorn ; il est néerlandais et traduit pour la première fois en français par Kim Andringa.
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Je ne saurais vous dire exactement le plaisir, la joie, l'excitation* ressentis à sa lecture, l'impression de fraîcheur et de profondeur exprimée avec apparemment trois fois rien, l'inventivité permanente alors même que le poète exploite dans tout le livre un seul et unique "système"**, mais quel système !
Rythme, musicalité, mise en espace de la langue, fulgurance des images, légèreté et densité des vers, concentration en quelques mots de l'intime et de l'universel… séries possède tout cela, et bien davantage ; ma parole ne peut que l'appauvrir. Une leçon.
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F. van Dixhoorn est un immense poète.
F. van Dixhoorn est un immense poète.
F. van Dixhoorn est un immense poète.
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Je le répète pour que ce soit bien clair. Et encore, je n'ai pas la chance de lire le néerlandais (mais la traduction de Kim Andringa me semble belle et bonne).
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Maintenant que j'ai terminé séries, je voudrais en lire d'autres.
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Madame la Traductrice, Monsieur l'Éditeur,
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s'il vous plaît (ceci est une supplique solennelle), encore !
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* Oui, oui, tout ça à la fois.
** Avec quelques variations.

samedi 6 février 2010

Violon, poèmes : portraitures

Bien que ceci ne soit pas à strictement parler lié à ma résidence au Comptoir des mots, je voudrais profiter de cet espace* pour annoncer une rencontre qui aura lieu mercredi prochain, le 10 février, à 19 heures à l'auditorium du Pavillon Carré de Baudouin (119-121, rue de Ménilmontant – Paris 20e ; métros Gambetta, Jourdain)**.
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Dans le cadre du cycle Les rencontres du soir, j'aurai le plaisir de partager la scène de l'auditorium pendant une heure avec Benjamin de La Fuente (compositeur et violoniste, récent Grand Prix de l'Académie Charles Cros pour son disque La longue marche (æon, 2009), pour le livret duquel j'ai écrit 99 notes préparatoires à la longue marche***).
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Benjamin jouera du violon, donnera à entendre sa musique enregistrée pour ensemble. Je lirai de la poésie. Nous parlerons de nos "pratiques" artistiques. Parfois, violon et poèmes se croiseront, parfois non. Ce sera sympathique (j'espère). En tout cas, je suis très curieux de faire cette expérience.
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Et puis, cerise sur le gâteau : l'entrée est libre. Et ça me fera plaisir de vous voir.
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* Et puis c'est mon terrain de jeu après tout, je fais skeujveu.
** Ce qui est très près du Comptoir des mots, d'ailleurs.
*** Quelle coïncidence !

mercredi 3 février 2010

Oups ! (un titre)

Hier au Comptoir, j'ai collé un mot sur l'excellent dernier livre de Céline Minard, Olimpia*, j'ai acheté Petit-bleu et Petit-jaune de Leo Lionni pour mon fils et Les idiots (petites vies) d'Ermanno Cavazzoni dans une splendide édition chez Atilla (vous vous rappelez l'éditeur Benoît dont il était question ? C'est lui !) Tout tournait autour de l'Italie donc.**
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Du coup, je n'ai parlé à personne de (et d'ailleurs personne ne m'a parlé de) la polémique autour de l'article de Roubaud paru dans le Monde Diplomatique : "Obstination de la poésie". Sébastien Smirou a écrit dans la foulée sur son site (et celui de P.O.L) un texte allant dans le même sens. Et vlan ! réaction de Prigent ici (P.O.L) et de Bobillot (Sitaudis). Ils ne sont pas contents, ouh la la ! Et l'avant-garde (revendiquée)*** quand elle est pas contente, elle en devient très méchante et veut faire passer les cibles de sa colère pour des réacs.
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Vous voyez que je n'argumente pas sur le fond, ce n'est pas mon truc. Je reprendrai juste la conclusion de l'article de Jacques Roubaud :
"Ce que je viens d'écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mot pas de poésie ; qu'un poème doit être un objet de langue à quatre dimensions : être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire."
J'ajouterai seulement que Petit-Bleu et Petit-Jaune, lorsqu'ils s'embrassent, ils deviennent Petit-Vert.****
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* Je ne développerai pas mais… qu'est-ce que c'est bien, Céline Minard !
** Olimpia c'est Olimpia Maidalchini, la "papesse" du XVIIe siècle.
*** J'aime l'avant-garde. Moi-même je suis d'avant-garde et je ne le crie pas sur tous les toits. Comment ? Je devrais ? Ça veut dire que je ne suis pas d'avant-garde ? Ah ben oui, c'est vrai, je suis membre de l'Oulipo après tout, ce truc "ringard" pour pas mal de critiques, ceux-là même qui défendent, encensent, portent aux nues (à juste titre et au choix) Michelle Grangaud, Jacques Roubaud, Oskar Pastior, Jacques Jouet, Raymond Queneau ou Ian Monk… Je ne cite que les oulipiens "poètes" car nous parlons ici de poésie, n'est-ce pas ?
**** C'est gentillet ? j'assume !

mardi 2 février 2010

Sourire un peu forcé de l'accordéoniste

J'avais le souvenir d'un "Sourire de l'accordéoniste" mais lorsque j'ai rouvert les cahiers bleus, j'ai découvert à ma grande surprise qu'il était "un peu forcé". Quoi qu'il en soit, le titre n'est pas exactement de moi mais de mon ami Mathieu Blanc, je crois bien. Et il portait sur un projet de BD.
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Mathieu dessine, dessinait. Il était aussi musicien à l'époque et l'ai toujours. Si vous voulez écouter les chansons de Grand Bureau, cliquer sur "Grand bureau".* Les paroles de certains morceaux sont des adaptations de poèmes de N/S que j'ai co-écrit avec Ian Monk.
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Mathieu dessinait donc. Et nous évoquâmes un jour l'idée, pas plus d'une fois sans doute, de concevoir une BD ensemble… Cela ne s'est pas fait. Et plus tard, j'ai repensé à la chose en imaginant que j'aurai pu écrire, seul, une BD sans images, avec les planches découpées en cases, les phylactères, les commentaires… mais zéro dessin. Quelque chose qui n'était absolument pas intéressant dans le fond. Parce que les strips, les cases de la bande dessinée permettent un jeu avec la profondeur, la perspective, le séquençage, etc que je n'aurai jamais réussi à obtenir. Et il me semble qu'aujourd'hui quelqu'un comme Fred Léal, qui joue dans ses récits avec la dimension spatiale de la page et la typographie arrive à des résultats fantastiques** de rythme et de vitesse qui se rapprochent de la BD sans essayer aucunement de l'imiter.
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Allez, demain je parlerai d'autre chose.
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* C'est simple, non ?
** Je vous conseille par exemple Selva ou La porte 'verte chez P.O.L, Mismatch, Le peigne-noir ou Le peigne-rose aux éditions de l'Attente.
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La photo représente un détail de la quatrième de couverture de 99 exercices de styles de Matt Madden (L'Association, 2006).

lundi 1 février 2010

Avion

Savez-vous ce qu'est l'avion ? Je ne parle pas de l'aéroplane mais d'une invention de Michelle Grangaud (de l'Oulipo).
"Avion est une abrévation du mot abréviation." nous dit Michelle dans Une bibliothèque en avion (La bibliothèque Oulipienne n° 115). "L'abrévation du mot abréviation sous la forme avion est un mot dans le mot […]".
Eh bien les faux textes que je destine aux fausses pages de Re- sont une version pauvre de ce procédé : ce sont des avions de phrases ; c'est à dire que le contenu d'un faux texte, de la semaine x par exemple, résulte du prélèvement (dans le sens de la lecture) d'un certain nombre de mots dans tous les messages postés sur ce bog durant la semaine x.
Je dis "version pauvre" car il est beaucoup plus facile d'opérer une réduction de phrase en en prélevant des mots qu'une réduction de mot en en prélevant des lettres. L'avion de phrase de la phrase précédente pourrait être par exemple : "Je "version pauvre" est une réduction en mots de mot en lettres.", ce qui n'est pas très clair mais a le mérite d'être plus court.*
Un procédé d'autant plus pauvre que je m'autorise des "enjambements" d'une phrase originale à une autre : une phrase réduite peut être la compression de deux ou trois phrases du message originel. Cette technique me permet ainsi de condenser trois, quatre messages ou plus en 2050 signes.**
Encore une fois, il n'y a rien là de bien révolutionnaire et la "mollesse" du procédé ne forcera pas l'admiration de mes camarades oulipiens.
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Je suis cependant, pour l'instant, assez satisfait du résultat car il me permet de produire du texte sans "l'écrire" mais en recyclant les messages ici postés, ce qui était mon envie de départ : que Re-, le livre, naisse du matériau textuel présent sur ce blog sans en être la réutilisation brute.
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Autre chose encore : dans les 99 notes préparatoires à Re- j'écrivais, note 14, "Les pages sont des avions de personnages." Et je me dis que c'est peut-être cela que je voulais signifier : dans les faux textes, les 2050 signes sont tous les passagers d'un même bateau.
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* Et de toute façon, la version longue n'était pas beaucoup plus lumineuse.
** Et bientôt 2048.
 

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